Je ne me souviens pas de l'intégralité de mon enfance bien sûr. Mais il y a des vestiges qui sont restés intacts, notamment un sentiment depuis très jeune, irrépressible de dissonance entre ce que l'on me présentait comme un adulte, sous-tendu par le statut ou l'âge, et le niveau de sagesse que je décrétais selon mon système de valeur d'enfant. On pourrait aussi parler de "crédibilité". Cela s'est manifesté par un grand scepticisme quant aux figures d'autorité qui ont jalonné ma vie, notamment les professeurs (ce qui m'a valu de nombreux ennuis), mais aussi les médecins, les personnes en uniforme, les savants du quotidien nimbés d'une auguste conviction.
Pourquoi ce monsieur est déguisé en boulanger ?
Ce sentiment si particulier, diffus et étalé le long de ma vie, s'est vivement réveillé depuis la crise du Covid-19.
On dirait que le môme qui sommeille chez 60 millions de français est en pleine révélation de lui-même. À la lueur des évènements, l'image d'Épinal qui convient parfaitement serait l'oisillon fébrile au bec largement ouvert, attendant que maman nourricière amène le butin du jour. Les plateaux télé sont devenus un cauchemar à ciel ouvert où l'on demande à n'importe qui ce qu'il pense de n'importe quoi sous les cris hystériques de gens qui n'ont rien à dire ni rien à penser qui relève du temps long.
Nous entendons parler des conséquences de cette crise sur les contre-sens que les "mesures" provoquent, sur l'état économique de la France, sur la vie des jeunes, sur la santé psychique du peuple, moins de ce que va devenir l'âge mental de ce dernier. Y a t-il régression en âge ou pas ? Et pourtant j'en suis sûre, c'est une question centrale.
L'année dernière au début de la crise sanitaire, je rédigeais un article pour le moins acide sur le civisme, lorsque la France paniquée découvrait le virus sur son sol. À l'époque régnait un chaos digne d'une photographie de Martin Parr, entre pillage de supermarchés et individus se collant les uns aux autres alors que nous n'en étions qu'à des connaissances vaguement cosmétiques du Covid-19.
C'est le moment où ce qu'on appelle les états du Moi* en analyse transactionnelle ont le plus fluctué tel un cours de Bitcoin fou à travers la population : chacun cherchait sa place dans un vitalisme qui faisait paradoxalement exulter un sentiment de libre-arbitre.
*(Eric Berne dans ce domaine, parle du Moi enfant, Moi adulte, et Moi parent).
Par exemple, nous avions d'un côté celui qui se procurait un masque envers et contre tous par ses propres moyens à l'heure où nous avions l'interdiction d'en acheter, de l'autre Monsieur ou Madame je fabrique mon gel hydroalcoolique, Monsieur crise de panique prostré chez lui à vivre une psychose paralysante car révélatrice d'une angoisse personnelle archaïque et inédite à ce moment là.
Nous pouvons dire schématiquement que nous avons opté depuis, à l'échelle individuelle vers un état du Moi plus stable qui s'est cristallisé vers une position plus qu'une autre face au Covid.
Par exemple le prostré du début prend les transports en commun et a repris le cours de sa vie, mais ne supporte pas ses contemporains "masques sous le nez" et le leur fait remarquer dans le métro, le sceptique a eu le temps de réfléchir et peut maintenant juger si oui ou non il trouve toutes ces mesures stupides ou censées, et a adapté sa vie selon le fruit de sa réflexion... Vous voyez le principe.
J'aimerais là qu'on s'intéresse plus particulièrement à la constante avec laquelle il est dans l'intérêt de l'État de chercher à maintenir les foules coûte que coûte dans un état du moi Enfant. Pour ceux qui n'ont aucune connaissance en analyse transactionnelle, disons-le avec des mots simples.
L'État tient seulement et seulement si le peuple se vit en état d'enfant vis à vis de lui.
Il y a trois façons de se comporter en enfant. La rebellion, la soumission ou la liberté. Alors que la rébellion et la soumission nécessitent un RÉFÉRENTIEL ("Arrête de me parler ainsi" / Le policier me demande mes papiers, je m'exécute) la liberté telle que définie en analyse transactionnelle, s'exerce indépendamment de celui-ci ("J'ai envie de cette glace, allez, je me l'achète").
"Y A T-IL ENCORE UN MONDE D'ADULTES ?"
Pour qu'il y a ai croyance en la figure d'autorité donc, il faut nécessairement pouvoir maintenir les foules dans la soumission ou la rébellion. Se rebeller c'est réagir à. En fait, l'État Républicain préfère de très loin des français rebelles, qui passent leur temps à scander les noms de ses représentants avec détestation, que des français qui organisent leur vie, parallèlement à lui, puisque s'il fait cela, c'est à l'aune d'une référence autre que l'État, ce dernier n'aura alors plus aucune raison d'exister. Il suffit de penser une seconde à ce que cela produirait dans les actes. Si du jour au lendemain soixante millions de français décident de ne plus verser un centime aux impôts. Si demain plus aucune actualité du gouvernement, zéro, aucun clic, ne serait suivie par personne, si personne ne se présentait aux bureaux de vote en 2022 ?
Car on peut bien raconter ce que l'on veut, la seule et unique manière d'annihiler un pouvoir est de fait de vivre à côté de lui, parallèlement, sans lui. Répondre, c'est considérer.
C'est considérer qui fait que tous les 5 ans, une majorité de gens accordera de l'importance à l'acte de voter, et donc de valider la cinquième République.
Ceux qui opèrent des changements dans le monde, dans l'histoire, ne sont ni les grandes gueules ni les porteurs de bannière. Ce sont ceux qui s'organisent, qui empilent des cailloux les uns sur les autres, jusqu'à ce qu'un jour un monument plus haut et plus grand que le despote fatigué ne permette plus à ce dernier son hégémonie.
"Le regard indifférent est un perpétuel adieu."
Malcolm de Chazal
"Lorsque la société est organisée [...] soit par le gouvernement vertical d’une dictature révolutionnaire, soit par les règlements impersonnels d’une bureaucratie obscure, alors la capacité à rendre des comptes disparaît de l’ordre politique autant que de la société. Un gouvernement vertical nourrit l’irresponsabilité des individus et la confiscation de la société civile par l’État mène à la diffusion du refus, parmi les citoyens, d’agir pour et par eux-mêmes.
Roger Scruton
Et pour ceux qui souhaitent s'en convaincre, voici une expérience qui a été réalisée sur des enfants (la vidéo est pointée au minutage qui nous intéresse) :
Peut-on combattre quoi que ce soit quoi sur terre en exigeant quelque chose de lui, en lui demandant quelque chose ? Je demande aux esprits rationnels de répondre honnêtement à cette question.
Les plus réfractaires comme les amoureux de monsieur Macron, permettent à l'État Républicain de se maintenir. Maintenant me direz-vous, que faire ? (Vous le voyez venir, l'idée étant de reprendre un rôle d'adulte, par définition le fait simplement d'être tributaire du "Que faire?" venant d'une tierce personne est déjà un leurre). Je ne suis pas en mesure alors de dire ce que chacun doit faire aujourd'hui, je peux vous donner un exemple d'une décision que j'ai prise personnellement face à la situation actuelle, en concert avec des principes qui me sont propres.
Je ne suis pas en mesure de dire ce que j'aurais fais par exemple, si j'avais tenu un commerce entre 2020 et 2021.
Pour commencer, j'ai réalisé que le chantage aux 135€ scandé depuis 1 an, à titre personnel, n'avait jamais eu aucun effet sur moi et ne m'impressionnait guère. En outre je n'apprécie pas particulièrement la menace : je n'ai pas été éduquée ainsi.
À toutes les sauces, nous l'avons entendu cet argument. 135 est devenu le chiffre totem de cette crise sanitaire juste après le 19.
A croire que la liberté a un coût, celle de 135€.
Je ne considère pas que je dois donner à des gens que je ne connais pas 135€ pour être sortie après 18 heures dans les rues désertes, ni que j'ai fait une bêtise, ni que je dois être punie. Je ne me vois pas non plus parader à 20h devant un commissariat de police en jouant des cymbales pour montrer que je n'obéis pas, ni insulter des policiers en criant des slogans, parce que je n'ai rien contre ces gens. Ceci dit, tête brûlée que je suis, je continue de sortir après 18 heures, de manière tout à fait sereine. J'ai également décidé de me confiner des gens qui me répètent en permanence le discours gouvernemental, ai supprimé une quantité de personnes sur les réseaux sociaux qui faisaient partie de cette catégorie, et mon carnet d'adresse d'établissements, d'individus, d'organisations qui veulent survivre après 18h ne cesse de grandir.
J'appelle ça le confinement à l'envers. S'éloigner du monde d'avant, celui qui dénonce, tremble, nous parle de l'homélie de Véran demain à 15h, du Covid et de l'actualité politique en général. Ce n'est pas ce monde que je veux fréquenter, ce n'est pas celui non plus à qui j'aurai envie de confier les enfants de demain.
L'image qu'on ne pourra m'enlever de ma tête de ce qu'est un adulte est droite et alignée, et non une anguille roublarde ou terrifiée, volte-face devant l'absurde, obéissant aveuglément et s'autorisant une manifestation déposée de temps à autres.
Les fameux 135€, ultime rempart, ultime épouvantail venu des enfers face au soulèvement d'un héros moderne, le peuple français.
Comme nos standards ne sont rien en dehors du monde réel -il ne s'agit pas de vivre dans un monde parallèle idéal-, alors il s'agit en période difficile de faire l'équation coût/perte, selon son système de valeurs en préservant au maximum son intégrité. En analyse transactionnelle, le Parent peut alors être Normatif ou Nourricier. Alors que le parent Normatif appréhende le monde vis à vis de ses valeurs personnelles et prend des décisions en fonction, le parent Nourricier accueille l'action des désirs qui l'accompagne. Par exemple, si je souhaite me rendre à la messe le dimanche, mon parent Nourricier m'encouragera à le faire, tandis que mon parent Normatif m'indiquera la conduite à avoir afin de me protéger de l'hostilité du monde extérieur vis à vis de mes libertés. Je serais alors parfaitement autonome, et l'État qui me propose purement et simplement de violer ma liberté et me demande de remplacer mes Parents, devient une immense coquille vide. Celui-ci perd alors toute sa légitimité.
Alors que pour certains, c'est obéir qui est raisonnable (bien sûr les expériences de Milgram le montrent fort bien), pour une partie de l'humanité, c'est de se vivre à un âge mental qui dépasse les sept ans qui est raisonnable.
Lorsque l'on segmente son esprit, nous acceptons la dualité, le Diable n'est autre (en latin : diabolus, diabállô, que « celui qui divise » ou « qui désunit » ou encore « trompeur, calomniateur ».
INTEGRITE : du latin integritas, état d'être intact, totalité, innocence, chasteté, probité, venant de integer, non entamé, non endommagé, non diminué, intact, entier, complet.
L'intégrité est l'état d’une chose qui est demeurée intacte, qui a toutes ses parties, à laquelle rien ne manque.
Vous me direz, mademoiselle, c'est bien joli mais et si la police vous arrête ?
Eh bien je n'en sais rien. Pour le moment ça n'est pas arrivé. Si cela devait arriver, j'imagine que j'assumerais, que je ne mentirais pas en trouvant des excuses à la noix et en rougissant. Les policiers sont mes frères humains et je pense qu'ils n'aiment pas qu'on les prenne pour des imbéciles. Je contesterai évidemment cette amende et je verrai où le cours des choses m'amène. Je n'ai pas envie d'apprendre à mentir. D'ailleurs, petite anecdote, il n'y a pas si longtemps que ça, un agent de police voulait me verbaliser pour quelque chose qui n'avait rien à voir avec le Covid. J'ai été très honnête avec lui et il a été si surpris que la conversation s'est terminée de personne à personne. Finalement le sujet de départ est devenu secondaire, je n'ai pas eu d'amende et ai été heureuse de cette rencontre fortuite et intéressante. Je sais que ça ne se passe pas systématiquement comme cela, mais ce que je sais est que ce genre de chose ne peut arriver QUE si l'on choisit de jouer carte sur table.
Aujourd'hui, la plus grande résistance, la plus difficile mais aussi la plus discrète est celle de ne pas accepter de segmenter son esprit en violant des principes avec lesquels nous ne sommes pas d'accord. Nous ne ferions rien de moins qu'un pacte avec le Diable.
Mon expérience me fait réaliser que les personnes qui ont les mêmes aspirations finissent toujours par se reconnaître et se retrouver, même en 2021. Un peu d'Espérance, beaucoup de Providence et les choses s'alignent parfaitement.
Attika Lesire
À mon sens ce qui se passe par rapport au passage à l'âge adulte et la volonté d'assumer le rôle parental, c’est qu'on est facilement déboussolé avec le cœur en lambeau des expériences passées, surtout quand on se retrouve au niveau du Sphinx et qu'il pose sa fameuse énigme avec la question narquoise <<Qui suis-je?>>.
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