C’était l’une des grandes oubliées de la lutte contre les discriminations après l’agisme et la grossophobie.
Pilotée par le CAME, le Comité d’Aide aux Minorités Électriques, l’enquête de victimation annuelle de l’INGEN estime à 66% de l’opinion publique, hostile aux trottinettes électriques. Stigmatisées, discriminées, méprisées, la vénérable Maire de Paris Anne Hidalgo a décidé de se saisir de l’affaire et d’inaugurer une journée d’information et de dialogue jeudi 13 mai.
Le Président du CAME affirme « Nous nous sentons, à l’image des personnes trans lassées d’être sans arrêt mégenrées, sujets à l’amalgame permanent sur les routes des agglomérations. »
Jugés dangereux, ces derniers voudraient pouvoir circuler librement au milieu des voies et comme tous les parisiens, appliquer le code de la route au gré de leur humeur, sans être soumis à l’effroi, ou pire, à l’insulte, à la menace, après avoir tranquillement grillé un feu ou s’être arrêté au milieu de la Place de la Concorde pour envoyer une image panoramique du monument sur What’s App.
« Nous voudrions pratiquer librement. La peur doit changer de camp. Ça n’est pas à nous de nous adapter, mais au reste de la population. » déclare Irène, montreuillaise abonnée à Trottilib depuis janvier 2019 et également détentrice d’une carte de fidélité Desigual.
Lorsqu’un enquêteur de l’INGEN lui demande d’expliquer l’augmentation sur l’année 2017 de 23% d’accidents causés par ces nouveaux véhicules jugés dangereux par l’opinion publique, elle s’impatiente. Hors de question pour elle d'aller sur les trottoirs. « Il faut distinguer le véhicule et l’identité de véhicule. Je suis une personne, et mon identité ne change pas lorsque je suis sur ma trottinette. Je n’ai pas à subir l’amalgame du véhicule emprunté. A ce titre je dois être traité comme n’importe quel autre véhicule circulant sur la voie ».
L’identité de véhicule se définit comme un ensemble d’attitudes et de rôles socialement attribués à un véhicule ou à un autre. Le véhicule, contrairement à l’identité de véhicule peut être constaté par autrui. L’usager de trottinette peut tout à fait se sentir pilote de formule 1, au même titre que le pilote de formule 1 devrait avoir le droit de piloter un avion s’il se sent apte à le faire, et ce sans aucune demande de justification de qui que ce soit.
« J’espère qu’un jour, les mentalités changeront » ajoute finalement Irène.
Imaginé par Attika Lesire.
Comments