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  • Photo du rédacteurAttika Lesire

La force : petites aberrations et grandes vertus.


Souvent confondue avec la puissance ou avec la contrainte¹ (tension), la force est un concept très mal compris ce qui est source d’un grand nombre d’égarements, défie les lois de la logique, de la morale, mais aussi tronque le quotidien.


Une force modélise, en physique, une action mécanique exercée par un objet sur un autre et capable d'imposer une accélération induisant la modification du vecteur vitesse.


Nous serons donc obligé de commencer par le commencement et redécouvrir un instant l’eau chaude.


C’est avec Isaac Newton que le concept de force émerge réellement.

C'est une grandeur physique qui modélise une interaction entre deux objets de quelque nature qui soit. En parlant de nature, nous arrivons déjà à une première observation, en ce qui concerne la force élastique donnée par la loi de Hooke.

²

Parmi les différentes forces, la force élastique, induit nécessairement la déformation d’un corps. Or s'il y a déformation, un autre critère entre immédiatement en scène : la souplesse.


"Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé ; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l'argile."

Daniel 2 : 41


En ce qui concerne la mobilité du corps humain, force et "liquidité" (fluidité) vont de pair.


Or, alors que la force induit la tension (direction, sens, norme, point d’application), la liquidité, elle, induit la détente. Deux phénomènes contraires. Pour autant, l’on comprend dans bon nombre d’arts martiaux, que maximiser sa force réside précisément dans le plein investissement de la détente, afin de mobiliser seulement la tension nécessaire. Pourquoi ? Parce qu’elle permet d'accroître la force dans l’équilibre suivant : utilisation de la force d’inertie, endurance (apprendre à utiliser seulement l’énergie nécessaire afin de gagner en puissance), et liberté de mouvement.


En outre, en arts martiaux comme dans la vie, la détente psychique est la clef en ce qui concerne la qualité de l‘interaction. Elle va en effet permettre de gagner en maîtrise de la situation. Plus elle est présente, plus elle permet d’analyser son environnement avec acuité et objectivité. Pour parler concrètement cela évite à l’adrénaline, à la peur, de prendre le contrôle de la situation. L’individu n’est pas submergé par cette émotion bien souvent dévastatrice. Il se centre, converge, ne se disperse pas. Il gagne en force.

Attention à la témérité mal placée, passer au-dessus de sa peur équivaut à s'engouffrer dedans : le problème est de ne pas la poser sur un socle, la connaître, la sentir.


Le phénomène d’absorption consiste à accompagner un coup adverse pour altérer voire annihiler son effet. Absorption et encaissement sont deux notions différentes. Dans le premier cas, il y a liquidité, pas dans le second.

La nervosité induite par l'ingérence de sa peur nous rend faible. Perte de sensitivité, de sensibilité.

La faiblesse peut en quelque sorte s'apparenter à demeurer locataire de son corps, à le subir. La vulnérabilité quant à elle, n'est ni force ni faiblesse. Les meilleurs combattants le savent, elle est une force lorsqu'elle est connue et investie, mais lorsqu'elle ne s'exprime pas telle qu'elle, que confuse, elle explose comme elle peut, souvent maladroitement, elle devient alors une faiblesse. C'est la raison pour laquelle, arrivé à un certain niveau d'excellence dans la pratique martiale, on a toujours affaire à des individus qui sont tout à fait à l'aise avec l'investissement de leurs émotions. Entre la bête nerveuse face à la force tranquille, il y a 90% de chance pour qu'à niveau égal, le premier se fasse ratatiner par le second.

Comment être maître d’une situation sans être maître de ses stimulis, sans les connaître ?

Quel fou ferait davantage confiance au pilote stagiaire qui établi un vol dans une cabine pour la première fois plutôt que celui qui l’arpente depuis 20 ans ?

Eh bien être en lien avec sa sensibilité, c’est la même chose : c'est être maître chez soi. C’est une force incommensurable que permet beaucoup de disciplines qui touchent à l'altérité, pas seulement les arts martiaux mais aussi le tango de haut niveau ou la plongée profonde.


Beaucoup d'idéologies, de causes, de combats actuels aujourd'hui reposent sur la démonstration de puissance et très rares sont celles qui s'établissent avec force.

C'est la raison de leur grand rendement en bruit par rapport à leur prospérité dans le temps. Les causes sont embryonnaires, spectaculaires et bruyantes et ne représentent qu'une poussière à l'échelle du temps. Nous vivons dans un brouhaha qui, grâce à sa diffusion rapide via les médias et les réseaux sociaux, ne permet pas à ceux qui convainquent, et à ceux qui se laissent convaincre de le faire depuis l'intégralité de "Soi" (on parlera des trois centres d'intelligence -don de Dieu- qui ne demandent qu'à être chaque jour un peu plus équilibrés entre eux que la veille afin de gagner en densité, en structure), puisqu'il s'adresse très souvent uniquement au système limbique de notre cerveau.

Sur quelles structures solides reposent alors nos convictions ?

Un exemple qui m'a été donné ces derniers temps est le phénomène selon lequel une personne se voit coupée la parole ou invisibiliser par une autre, et ainsi se dit oppressée par celle-ci. Les "espaces en non mixité" ont fleuri ces derniers temps.

Mais enfin !

PERSONNE absolument PERSONNE, n'a le pouvoir de nous invisibiliser ou de nous couper la parole.

Il y a là-dedans l'idée viscérale (probablement elle-même la cause intrinsèque de l'agressivité), que l'autre est par essence plus fort que soi, plus puissant. Le problème réside avant tout donc, non pas dans la réalité mais dans ce que l'on a intériorisé avec son système limbique. Je le rappelle, PERSONNE n'a le pouvoir de nous couper la parole. Continuez donc de parler, ça fonctionne très bien. En revanche on peut avoir tout au long de sa vie, nourri le récit qui veut que l'autre soi plus puissant que soi. Il n'y a que soi-même qui puisse nous couper la parole.


Les lois de la physique montrent qu'il existe plusieurs types de forces. Il n'échappera à personne que nous créatures humaines, obéissons à la physique : il y a bien différentes manières de gagner en "densité" dans le monde d'aujourd'hui, et leur puissance est autant relative qu'inégalitaires entre elles.

Le problème, c'est que comme par définition nous vivons dans une époque qui cherche à gommer les différences et à émettre le plus grand ratio signal/bruit, elle gomme aussi la réalité selon laquelle d'autres forces prospèrent, moins bruyantes, plus puissantes, plus agissantes, qui pourraient être comparées à la force élastique en physique.

Par exemple, le CAC 40, avec un ratio d'énergie déployé faible pour des leviers forts, ce qui explique que le nombre d'exécutants n'est pas un argument rationnel pour expliquer leur puissance face à des millions d'individus.


Je ne sais pas comment faire la transition entre ces deux idées, mais nous avons aujourd'hui dans nos sociétés Occidentales un problème avec l'incarnation (qui correspond à la partie ventrale du corps humain), dont d'autres civilisations plus jeunes débordent. L'incarnation, c'est la force de notre énergie vitale, de nos actes spontanés, de notre coordination physique, de notre créativité dans l'action. La joie en émane.


"La joie s'acquiert. Elle est une attitude de courage. Être joyeux n'est pas une facilité, c'est une volonté.

Gaston Courtois



Le peuple Occidental est donc coincé en sandwich entre cette force "sophistiquée" qui le gouverne (élastique, dont je parlais plus tôt), et cette force "spontanée" dont sont dotées les populations plus pauvres. C'est en fait la place la plus critique.

Il est impératif de contempler les vertus intrinsèques des forces que nous boudons aujourd'hui.

La vitalité d'un côté, émanant de la joie, de la conscience aigüe de la fragilité de la vie et de la mort, de la Transcendance et de l'autre le pragmatisme, la patience, le déploiement rationnel au service de ses desseins.



Attika Lesire


 

¹ - Les particules élémentaires d'un milieu exercent les unes sur les autres par unité de surface.

² - ...où k est la constante de raideur du ressort et x son allongement (longueur finale moins longueur initiale)

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