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  • Photo du rédacteurAttika Lesire

Expérience musicale 1 : L'oubli et la musique



J’entreprends cette chronique avec la bénédiction de la propriétaire de ce blog, Attika Lesire.

Sur ces quelques textes vous trouverez essentiellement des musiques/albums insolites, expérimentaux que j’ai glanés à des heures tardives. J’ai souhaité consacrer mon premier papier à un artiste assez méconnu, Leylan Kirby. Ce dernier s’est illustré en 2010 avec un projet "Bliss Beyond this world" qu’il poursuivi jusqu’en fin 2019 sous le nom de "Everywhere at the end of time". Ce projet comprend 6 albums d’en moyenne une heure. Chacune de ces pièces est illustré par Ivan Seal. Nous reviendrons plus tard sur les étranges illustrations.

Pour ce projet, Kirby prit le pseudo de Caretaker ou The caretaker.




Ce qui m’a frappé sans avoir entrepris le moindre début de recherche à l’écoute de ces albums ce sont les souvenirs lointains que cela pouvait faire ressurgir, notamment avec le premier des six. Un sentiment de mélancolie ? Oui, renforcé par les craquements de vinyles qui ponctuent hasardement les cuivres et les violons lancinants. Et pour cause, l’artiste pour ses albums a arrangé un ensemble de vieux enregistrement du début du XXème siècle. Il a par la suite mixé l’ensemble de ces vinyles à peine audibles pour donner ces sons uniques. On croit reconnaitre une mélodie résonnant dans les couloirs de Raptur dans BioSchock ou même l’excellente série Fallout. Parfois, le semblant de diamant qui gratte la surface lisse du vinyle saute, laissant place à une autre musique toute aussi lancinante.

Après quelques recherches rapides, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que Leylan Kirby avait trouvé son inspiration dans le film Shinning de Stanley Kubrick, lorsque Jack Nicholson participe à un bal de fantôme dans l’hôtel Overlook. C’est alors qu’à l’écoute de la musique qui accompagne cette scène ("Midnight, the stars and you" de Ray Noble and his Orchestra), je reconnus le motif qui ponctue les premiers albums de Cartetaker (sans la voix de Al Bowlly).



M’étant renseigné d’avantage sur l’intention de l’artiste, je pouvais faire un lien avec l’œuvre de Kubrick. En effet, à l’écoute des 6 albums on remarque comme une descente, un crescendo dans l’incompréhension. Autant le premier album nous pouvons largement écouter cela comme une pièce de musique vieillie et abimée mais on y reconnait des mélodies, des instrumentation typiques des musiques américaines des années 20-30. Le dernier album s’apparenterait plus à des bruissements angoissants sorti d’un Silent Hill. Plus aucune note n’est audible dans cette œuvre qu’on peut qualifier sans emphase d’extrêmement angoissante.

Revenons alors sur l’intention de l’artiste, au travers de cette dégringolade symphonique. Le projet de Caretaker a été d’illustrer par la musique et l’image, la maladie mentale, plus précisément l’oubli la perte de mémoire, la maladie d’Alzheimer. Les chansons des années 20-30 rappelle les années révolues, le passage du temps est illustré par les craquements du gramophone et l’oubli progressif est incarnée par la tournure que prenne les différents albums.


Dès lors nous pouvons faire le lien avec Shining où le personnage principal, Jack, atteint de folie, tente de tuer sa famille. Jack est visiblement atteint par la maladie mentale (voit des fantômes, entend des voix). Il en oublie la réalité, et à la fin, il n’est plus qu’une bête, un minotaure, chassant sa femme et son enfant dans le labyrinthe de l’hôtel. En fin de compte, l’artiste propose une vision de la folie comme l’absence de souvenir. Une personne sans mémoire n’existe plus en tant que sujet. On peut donc dire que le vide mnésique de Nicholson l’entraine vers sa folie et non l’inverse. En conclusion je ne peux que vous recommander d’aller écouter ces albums. C’est une expérimentation musicale intense. Et également de s’intéresser à l’artiste Ivan Seal qui a fait un superbe travail concernant les pochettes. Je vais en parler un peu en guise d’ouverture. Ces pochettes donc, procèdent toutes du même procédé selon moi (sauf la dernière). Le peintre peint une figure suffisamment familière pour nous laisser essayer de deviner ce que c’est, ce que ça pourrait être. Mais également largement abstraite pour nous empêcher toute indentification. C’est cet entre-deux qui nous plonge dans une sorte de vallée dérangeante de l’image (cf : Mori Masahiro).




Alors, est-il impossible de reconnaitre quoique ce soit sur ces albums ? Rien de précis, à l’exception du 4 ème que je partage avec vous qui me semble inspiré du tableau de la jeune fille à la perle de Vermeer.







La ressemblance topologique est forte certes, cependant la différence entre les deux tableaux est l’angle de vue. Le tableau de Seal est de dos, comme si le sujet s’effaçait. C’est astucieux de prendre un tableau qui est familier à beaucoup, changer l’angle afin que cela reste reconnaissable, mais pas complètement. Il s’agit là de mon interprétation bien sûr. Libre à vous de faires vos propres recherches concernant les autres créations d’Ivan Seal.





Joris Cayre

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