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Bodycount : Bullshits et vérités

  • Photo du rédacteur: Attika Lesire
    Attika Lesire
  • 15 juin
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 juil.


Mais on pourrait aussi nommer l'article :

  • "La vraie dette du corps"

  • "Une signature moléculaire"

    Ou encore...

  • "Une approche neuroendencrinologique, psysiologique, vulgarisée du sexe".


On va tranquillement remettre les pendules à l'heure, entre la masculinade pseudo alpha en ligne d'un côté, et la grande liturgie néo-féministe de l’indifférencié.

Je vais vous expliquer pourquoi un gros bodycount, c'est claqué, qu'il concerne les hommes ou les femmes.


En bref ce que les slogans d’ados attardés, qui répètent en 2025 ce que les forums et le Youtube US regurgitaient en 2015, ne disent pas.

Mais bon, ça fait du clic.

C’est tout ce qui compte désormais : produire du flux au détriment du fond.

Une méthode symptomatique de l’époque à rebours total des valeurs traditionnelles qu’elle prétend incarner.


"L’amour, ce n’est pas le bruit. C’est quand le silence devient si chaud qu’il brûle."
Jean Giono

Le sujet du bodycount, massivement relancé par les MGTOW, n’est rien d’autre qu’une contre-attaque logique, une riposte masculine aux excès du féminisme contemporain.


Corrolaire : il est de bon ton d’encourager les hommes à aller visiter toutes les femmes qui disent oui, et dire adieu à l'exigence, au respect de soi, à l'amour propre.

La ruse et le nihilisme furent dorénavant alors considérés comme acceptables.

Pendant plusieurs milliers d'années pourtant, la voie royale, la vocation noble de l'homme fut celle de maîtriser ses passions, à la manière des héros antiques, et d’incarner une forme élevée de responsabilité virile.


Le vrai “homme soja” n’est plus un végétarien mou.

C’est un coureur de jupons en legging compressif, persuadé d’être moins soja que les autres parce qu’il regarde Andrew Tate entre deux séances de muscu.



Bienvenue dans une exploration du bodycount qui a passé la crise d'adolescence.

« Nous sommes faits pour nous mélanger. Mais chaque fusion nous modifie."
Marguerite Yourcenar

Ici, on va parler mémoire cellulaire, neuroendocrinologie, et physiologie du lien affectif.



Corps-mémoire : quand l’ADN de l’autre ne s’efface pas.

Moi qui ait une orientation spirituelle bien précise, je vais pourtant ici parler un langage universel, sciemment.

La biologie ne juge pas.


Notre bel ADN, avec une formule élégante et symbolique
Notre bel ADN, avec une formule élégante et symbolique

Le corps humain, loin d’être une coquille vide traversée sans conséquence, fonctionne comme une mémoire sensible et durable de l'intimité.


C’est une chair douée de rémanence, un livre qui ne s’efface pas à chaque page tournée.


Microchimérisme

En 2012 les universités de Seattle et d'Alberta, ont mis en évidence des faits saisissants. Études solides à la clef.


1- côté femme

L'ADN de l'autre : jusqu'à 10 ans dans votre organisme !

Plusieurs organes, plusieurs durées de tracabilité. Concernent :

  • le cerveau,

  • le sang,

  • les organes reproducteurs.


On distingue plusieurs "couches" imprégnées par l'autre. Après un rapport, certaines particules sont éliminées en quelques jours.


Seconde couche : d'autres fragments génétiques ou cellules peuvent persister plusieurs années (jusqu'à 10 ans, voire plus dans certains cas rares), en particulier dans les tissus ou organes profonds.


Enfin, une couche psychique : de l’ADN masculin fut retrouvé dans le cerveau de femmes décédées. Certaines n’avaient jamais eu de fils, ce qui suggère une autre origine possible, comme des rapports sexuels.


On "devient" un peu tous les gens qui nous ont approché "de très près".
Diagramme de Venn du lien sexuel
Diagramme de Venn du lien sexuel
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(Définitions des termes :

𝐵ᵢ = trace biologique laissée par le partenaire i (ex. : ADN, cellules, mémoire cellulaire)

𝐸ᵢ = empreinte émotionnelle (attachement, projection, souvenirs)

𝐻ᵢ = impact hormonal (oxytocine, dopamine, vasopressine)

𝑂ⱼₖ = recoupement affectif ou saturation entre les partenaires j et k (comparaison inconsciente, perte de singularité) )



Ces fragments peuvent s’intégrer durablement dans les tissus, en particulier dans l’hippocampe, zone liée à la mémoire et aux émotions.


À chaque lien sexuel, un échange de particules s'opère. Ce n'est pas qu'un corps qui entre dans un autre, c'est une signature.

Ce phénomène n’est pas sans rappeler certaines lois alchimiques : toute fusion véritable laisse trace.


J'ajoute : les fausses couches, l'avortement, les cellules d’un frère jumeau résorbé in utero, et enfin le sang maternel contenant de l’ADN fœtal produisent également ce phénomène.



2- Côté homme : la barre sur le H S'IMPOSE

Femmes, croyez moi, le bodycount élevé chez un homme qui prétend à votre cœur devrait être pris très au sérieux. Une fois qu'on le comprend, on ne peut plus revenir en arrière ! Oui, j'invite à affûter son palais à l'appréciation de l'homme difficile et exclusif, les hommes les plus calmes avec leur sexualité. Qui savent différer le plaisir, contenir leur désir, cultiver leur feu intérieur. Un comportement bien plus viril en réalité.

Je vais vous expliquer pourquoi mesdames.

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Une imprégnation différente.

L’homme n’a pas de muqueuse interne conçue pour accueillir du matériel génétique.

Il ne reçoit pas de sperme ni d’ovule, donc il n’incorpore pas biologiquement de fragments étrangers de cette façon.


MAIS

Désensibilisation dopaminergique (tolérance au plaisir)

  • Diminution des récepteurs à dopamine D2.

  • Nécessité de stimulations plus fortes pour le même plaisir.

Cela entraîne une insatisfaction chronique, un état de recherche compulsive, une sorte de "faim permanente" affective et sexuelle.


Affaiblissement des circuits de l’attachement (ocytocine/vasopressine)

Chaque orgasme libère de l’ocytocine et de la vasopressine, hormones liées à l’attachement.

Mais à force de changer de partenaires :

  • Le cerveau masculin apprend à ne plus associer l’attachement à une personne unique.

  • Il y a un affaiblissement de la capacité d’ancrage affectif.


Cela fragilisé les liens durables : solitude, instabilité conjugale, infidélité chronique.



Réduction de la plasticité affective

Le fait de changer régulièrement de partenaires empêche le cerveau de créer des boucles de régulation affective durable. Cela se manifeste par :

  • Moins de patience, moins d’aptitude au compromis.

  • Plus de volatilité émotionnelle.

  • Incapacité à tolérer la monotonie ou les conflits.


Pour résumer :

Une véritable architecture neurobiologique qui se modifie. Notamment dans le noyau accumbens, mais aussi dans le VTA (aire tegmentale ventrale), centre majeur de la récompense affective et de l'attachement amoureux.


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À force de multiplier les partenaires, l’homme risque de s’user lui-même :

– son plaisir s’émousse,

– son cœur s’endurcit,

– et le rapport devient une dissociation. Il est là sans être là. Qui a envie de vivre cela avec un partenaire ?



3 - Hommes et femmes concernés ensemble.

La géographie des traumas : le sexe comme anesthésie

Délaissons un instant la biologie pour explorer le terrain plus silencieux du psychisme.

Une autre variable rarement évoquée : le sexe comme réponse à un trauma.


Le sexe triste, symbole d'une génération ?

Ou : le "sexe-rituel".

Nombre de comportements sexuels s’ancrent dans des histoires de carence affective, de violences, d’insécurité.

Le corps, dans ces cas-là, devient lieu de négociation inconsciente : on offre ce qu’on ne sait défendre. ( Voir mon article sur les travailleuses du sexe).


Chaque rencontre non choisie, ou mal choisie, est perçue par le corps comme un stress. L’élévation du cortisol, hormone de l'anxiété, après certains rapports sans plaisir ni sécurité, témoigne de cette dissonance.

Le sexe alors, loin de réparer, répète le traumatisme.


Chaque union est un entrelacs de traces... certaines bénies, d’autres brûlées.


Ce constat ne vise pas à blâmer des gens déjà en souffrance, mais à rendre visible une écologie intime.

Le corps réclame du sens.

Il ne tolère pas longtemps d’être utilisé comme un objet désaffecté.


Le sexe aimant n’est pas "sage". Il est ancré.

De surcroît, au lieu de dire que les femmes ne le font que par libération des mœurs, il serait temps d'isoler d'autres problèmes comme les environnements familiaux modernes propices à risque.

Et le pôle inverse consistant à moraliser et faire commerce de l'écueil des femmes d’aujourd’hui au même titre que fustiger les horribles hommes, n'entend pas les vraies blessures.

Qui révèlent d’un tissu social plus large.


Les circuits de l’attachement peuvent être saturés, comme une bande de scotch qu’on aurait utilisée trop souvent... il colle de moins en moins.



Hommes, manquez-vous vraiment de modèles ? Au hasard...

Ulysse

Le père du Petit Prince

...et Antoine de Saint-Exupéry lui-même Joseph, époux de Marie Le Cid (Rodrigue) – (de Corneille)

Alexandre Soljenitsyne

Charles Péguy

Jean Valjean Père Zosime, (Les Frères Karamazov) Maximus. (Gladiator) Saint Paul

Edmond Dantès (Le Comte de Monte-Cristo)

Lancelot du Lac Jean-Pierre Melville

Jordan Petterson (plus récent)


... Aucune exhaustivité ici.


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4- Choisir, c’est sauvegarder

Le paradoxe est cruel : notre époque clame la liberté sexuelle, mais s'y englue comme dans un nouvel obscurantisme.


Or, choisir un partenaire sexuel n’est pas un acte neutre. C’est une forme de pacte biologique, même si la conscience ne le formule pas ainsi.


Dans l’ancienne tradition biblique, le mot utilisé pour désigner l’acte sexuel est “yada”, qui signifie aussi “connaître profondément”. On ne “fait pas” seulement l’amour. On le laisse entrer.


Plus le corps a été traversé sans choix réel, plus il devient indifférent, ou méfiant, à la véritable intimité. La joie disparaît.

A contrario, une sexualité rare mais choisie, fondée sur la confiance, l’attention, renforce le système immunitaire, favorise la régénération neuronale, et stimule les circuits du plaisir durable (dopamine et sérotonine conjointes).


En conclusion : quand la science rejoint la tradition rejetée en masse par ceux qui semblent avoir tout compris du bonheur, comme toujours c'est magique.


Les corps ne sont pas interchangeables. Le sexe n’est pas anodin.

Chaque personne porte en elle une géographie unique.


Ce que la science commence à montrer aujourd’hui -par la génétique, la neurobiologie, l’épigénétique- résonne, et c'était attendu, avec les savoirs ancestraux, plus intuitifs, qui ont toujours su que la chair a une mémoire.


Un bodycount élevé, bien au delà de son aspect moral : il pose une véritable question sur notre vocation, en tant qu'être humain.


Comment voulons-nous nous marquer ? Par combien de présences voulons-nous être traversés ? Quel héritage moléculaire, affectif, hormonal, sommes-nous prêts à porter ?

Et à qui voulons-nous ressembler, au fond, après tant d’échanges : à une mosaïque sacrée ou à un terrain vague ?



Attika Lesire




Sources :


1 : Doidge, The Brain That Changes Itself

Kühn & Gallinat, 2014, JAMA Psychiatry (sur les effets de la pornographie sur la matière grise et la réponse dopaminergique)


2 : Carter, S. (2014). Oxytocin pathways and the evolution of human behavior.

Insel, T. R. (2010). The neurobiology of love.


3 : Sapolsky, R. (2017). Behave: The Biology of Humans at Our Best and Worst.




 
 
 

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