top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurAttika Lesire

Comment les travailleuses du sexe vous mentent.


Et notamment à travers ce propos tenu dans l'immense propagande qui inonde nos médias depuis la digitalisation des témoignages "Pro sexe".


"Je me réapproprie mon corps"

Aller flotter paisiblement dans l'eau après un événement traumatique lié à la mer et se laisser carresser par les vagues ou commencer la danse classique à 40 ans malgré des lésions respiratoires. Entreprendre un pèlerinage de longue haleine lorsque l'on souffre d'obésité, il existe mille manières d'éprouver son corps, de lui réserver un nouveau destin. Il y a eu Nakano Takeko, samouraï japonaise tuée par balle au 19ème siècle, qui demanda à ce que sa tête soit coupée et enterrée afin qu'aucun ennemi ne puisse en faire un trophée. Pourtant non. Ce n'est jamais elles que les témoignages Konbinesques utilisent pour illustrer leur Mon corps mon choix.



Dans la sémantique de la modernité, il n'existe qu'une seule manière de se "réapproprier son corps". Et ce n'est pas la nuée de témoignages, de titres d'articles associant une vision de la sexualité -issue de Mai 68- ou même carrément de la prostitution avec une dite "réappropriation du corps" qui iront contre ce constat.

Emballé c'est pesé, ça passe comme une lettre à La Poste, il ne manque plus que Cookie Dingler et sa femme libérée pour sabrer le champagne.


Alors... Que celui d'entre nous qui a déjà entendu une femme justifier son choix de porter des parpaings, de devenir militaire parachutiste, danseuse étoile ou championne de développé-couché par le bonheur Hiamalayesque de se réapproprier son corps se lève.

Je veux dire, il y a un vivier de manières de transformer le récit initiatique de notre corps si l'histoire avait mal démarré. La diversité des témoignages ne ferait-t elle pas d'office démonstration de bonne foi derrière cette idée ?

Hélas, le seul, l'ultime et éternel contexte autour de ce stakhanovisme : la marchandisation, le travail du sexe et plus généralement des pratiques visant à obtenir un rendement symbolique ou marchand de son intimité. Vous commencez à nous lasser, les filles. L'ironie est que selon ce type de féminisme, sont systématiquement impliqués d'autres corps, tributaires du leur. Monétiser son corps revient à le louer en quelques sortes. Le louer à d'autres personnes qui exercent purement et simplement un droit à destination du chantre de sa propriété ultime, son corps, son sexe, inviolable et soumis au plus haut degré de consentement, (est-ce les féministes qui me diront le contraire ?). Cela est bien troublant. Est-ce que d'autres spectateurs ahuris qui passeraient par là sont en droit de se demander si leur "appropriation du corps" ne serait pas en fait une expropriation de celui-ci ?


Soyons plus précis : une expropriation du corps controlée par l'économie de marché.

Comment assumer une réalité aussi cruelle sans blesser sa vanité quand on a choisi un jour de porter sur soi les couleurs du féminisme ? Tirer un profit opportuniste demande d'assumer que l'on est pleinement joueur dans le grand tournoi du capitalisme de connivence. En revanche en allant puiser dans une parapsychologie qui nous fourni le beau rôle, s'en sortir avec la part belle devient une gourmandise difficile à refuser. Cette position prédatrice est évincée avec astuce par celle de victime. Un jeu en clair-obscur et voilà que le tour est fin joué.


Nakano Takeko VS Ovidie


La travailleuse du sexe contemporaine est un pourvoyeur opportuniste, un prédateur du marché de connivence, terre à terre, mais qui ne s'assume pas.

Mais voilà, à l'heure du Mon Corps mon Choix, digérer cette idée s'avère très compliqué et l'on doit bien trouver quelques petits arrangements avec la réalité pour ne pas imploser dans ses contradictions.


Le terme de "propriété" remonte à l'époque impériale et vient de ce qui a un caractère propre, spécifique, d'un droit de possession, d'une chose possédée. Or vous remarquerez que chez beaucoup de promotrices de l'émancipation par l'entrejambe, il y a très souvent le thème du traumatisme qui revient (atteintes ou agressions sexuelles, viols). C'est donc dans un contexte de continuité, et non pas de rupture que ces femmes ont décidé de capitaliser.






Cette rupture, elle est incarnée par des femmes comme Linda, 77 ans, installée à Vallauris dans les Alpes-Maritimes. Elle a changé de vie. Sa vie d'avant, c'était la prostitution. Elle n'affirme pas qu'elle s'est réappropriée son corps (les mots tiennent compte de ce qui manque, dixit notre sociologue à lunettes favori) pourtant c'est bien ce qu'elle a fait. Elle publie un livre, L'Ange de Pigalle, à destination des jeunes filles, et de ses proches pour lever le voile sur sa vie dans la prostitution, "peuplée de violence, de peur et de mensonge".




Attika Lesire.



 

A lire : L'histoire de Linda. "Vous ne savez plus ce que vous faites, nous n'êtes plus de ce monde" https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/cannes/temoignage-linda-ancienne-prostituee-vous-ne-savez-plus-ce-que-vous-faites-nous-n-etes-plus-de-ce-monde-2010838.html


7 commentaires

Posts récents

Voir tout
bottom of page